Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

dimanche, 18 novembre 2007

le spectre de l'humanité

206082686ed50be915e42ca0dbaa6ebd.jpg

 

 

Estragon.- En attendant, essayons de converser sans nous exalter, puisque nous sommes incapables de nous taire.

Vladimir.- C’est vrai, nous sommes intarissables.

Estragon.- C’est pour ne pas penser.

Vladimir.- Nous avons des excuses.

Estragon.- C’est pour ne pas entendre.

Vladimir.- Nous avons nos raisons.

Estragon.- Toutes les voix mortes.

Vladimir.- Ça fait un bruit d’ailes.

Estragon.- De feuilles.

Vladimir.- De sable.

Estragon.- De feuilles.

 

S. BECKETT in "En attendant Godot" 


Nous sommes le monde, l’univers est en nous, autrement dit l’extérieur n’est que ce que nous appréhendons, imaginons, et n’existe pas au-delà de chacun de nous, mais semble pourtant exister séparément dans notre multitude et, dans chacune de nos conceptions individuelles, divisé, subdivisé en innombrables fragments, découpé en polarités multiples et simplifié pour être digeste, et le rapport entre la supposition du réel et ce que nous en comprenons si modestement est aussi infini que nous puissions le concevoir, comme le rapport entre nous-même et le plus totalement continu autour de nous. Je ne suis donc que moi-même et chacun d’entre-nous n’est que lui-même et chaque soi-même imagine l’autre et projette vers l’extérieur ce qu’il croit être l’extérieur aussi loin qu’il puisse l’envisager dans son propre absolu, et chacun ne reçoit, que par intermittence et, ce à quoi il est limité de recevoir, au sein de sa conscience réduite à un monologue incessant dans le trouble de sa conscience d’elle-même.

 

Et lorsque deux consciences se rencontrent, espérant communiquer au-delà de ces soliloques, bien que la communication ne soit qu’une notion vaine, dans ce sens qu’elles ne peuvent pas communiquer, mais tout au plus produire des étincelles qui permettraient, dans le meilleur des cas, de faire naître, à chacun dans l’autre et dans chacun même, ce qu’ils croient être l’idée originale d’autrui, mais qui n’est, à dire vrai, que l’essor de la leur propre, alors leurs petits mondes monadiques se gonflent de la vanité d’exister dans l’union sacrée de l’Histoire de l’Humanité, au mépris de la solitude de l’être naissant et mourrant et des axiomes de croyances sur lesquels se basent toutes les théories du savoir.

Les commentaires sont fermés.