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samedi, 15 avril 2006

fluvial

 

 
 
La mort prévaut dans l'infini d'avant et d'après l'instant qui dévoile la vie que nous ne pourrons, au mieux, qu'entr'apercevoir. Et pourtant, cet éphémère pulsant nous semble tellement plus convenable que l'obscurité qui guette, ce non-être d'une étendue incolore au-delà et en deçà de notre être, qui menace notre raison par son autorité définitive, générant un effroi insupportable devant ce qui s'approche d'une notion du vide - qu'il nous arrive de fuir dans le confort d'un concept plus rassurant, malgré tout risque de ridicule qu'il comporte - quand bien même irrationnel puisqu'il se trouve là où nous ne sommes pas et ne pourrons jamais nous rendre en tant que nous-mêmes. Au-delà et en deçà de notre sensorialité et de notre discernement il n'y a que l'irraison de l'inexistence dont le domaine est, par définition, l'inconcevable. Quelle prétention que d'oser croire que nous puissions comprendre par nos moyens ce qui se trouve en dehors de nos moyens. Quelle absurdité que de redouter ce qui pourrait nous contrarier alors que nous ne serons plus! Pourquoi céder à la crainte de l'inconnu, alors qu'il y a tant ou aussi peu de justification à l'appréhension qu'à la jouissance? Là est ancré le revers le plus grotesque du primitif instinct de survie humain, qui se révèle simultanément être la plus fragilisante composante de sa nature, angoissée par la désagrégation d'un héritage (d'un cumul de possessions) dont elle n'aura été, au final, que le gardien transitoire.

 

 

"La vie va se perdre dans la mort, les fleuves dans la mer et le connu dans l'inconnu. La connaissance est l'accès de l'inconnu. Le non-sens est l'aboutissement de chaque sens possible."

 

Georges BATAILLE in L'Expérience Intérieure

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